Le Nigeria est l’un des pays les plus hostiles aux personnes LGBTQ+ en Afrique. La loi sur l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe, promulguée en 2013, prévoit jusqu’à 14 ans de prison pour les homosexuels et 10 ans pour leurs complices. Malgré ce climat répressif, certains courageux tentent de vivre leur amour au grand jour.
C’est le cas de deux hommes qui ont organisé leur cérémonie de mariage dans un hôtel d’Ekpan, une ville du sud du Nigeria, le 29 août 2023. Mais leur rêve a tourné au cauchemar quand la police a fait irruption dans l’établissement et a arrêté plus de 60 personnes soupçonnées d’être gay.
Une descente de police brutale
Selon le porte-parole de la police de l’État du Delta, Bright Edafe, les agents ont été alertés par des informations selon lesquelles un mariage gay était en cours dans l’hôtel. Ils ont alors investi les lieux vers 2 heures du matin et ont interpellé environ 200 personnes. Après une enquête préliminaire, 67 d’entre elles ont été retenues en détention.
Voici une vidéo en anglais relatant cette nouvelle :
Edafe a déclaré aux journalistes que l’homosexualité ne sera jamais tolérée au Nigeria et qu’il existe une vidéo montrant les deux mariés en train de célébrer leur union. « Nous sommes en Afrique et nous sommes au Nigeria. Nous ne pouvons pas copier le monde occidental car nous n’avons pas la même culture », a-t-il affirmé.
Il a ajouté que la police ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser les personnes gay exprimer ouvertement leur orientation sexuelle dans le pays. « Ce n’est pas quelque chose qui sera permis au Nigeria », a-t-il dit, précisant que les suspects seront traduits en justice à la fin de l’enquête.
Une violation des droits humains
L’arrestation massive des participants au mariage gay a suscité l’indignation des organisations de défense des droits humains, qui ont dénoncé une chasse aux sorcières. Amnesty International a condamné l’intervention policière et a appelé à la fin immédiate de cette persécution.
« Le Nigeria est un pays où la corruption est endémique, et cette loi interdisant les relations entre personnes de même sexe est de plus en plus utilisée pour harceler, extorquer et faire chanter les gens », a déclaré Isa Sanusi, le directeur d’Amnesty International au Nigeria.
Certains des suspects ont affirmé qu’ils n’étaient pas présents au mariage gay et qu’ils se trouvaient à l’hôtel pour d’autres raisons. L’un d’eux a dit qu’il ne s’identifiait pas comme LGBTQ+ et qu’il avait été arrêté alors qu’il se rendait à un défilé de mode. « Ils ont dit que j’avais commis une infraction en étant habillé comme ça mais je ne sais pas si le travestissement est contraire à la constitution du pays », a-t-il témoigné.
Un combat pour la dignité
Les activistes LGBTQ+ au Nigeria font face à un environnement hostile et dangereux. Ils sont souvent victimes de violences, de discriminations et de stigmatisation. Ils sont également privés de leurs droits fondamentaux, comme l’accès à la santé, à l’éducation ou à la justice.
Malgré ces obstacles, ils continuent de se battre pour leur dignité et leur liberté. Ils revendiquent le droit d’aimer qui ils veulent et de se marier avec la personne de leur choix. Ils espèrent que le monde entier entendra leur voix et les soutiendra dans leur lutte.